Plaidoyer pour l'agroécologie.

03/04/2018

Pour une agriculture fondée sur la nature

L’agriculture est au cœur des défis de demain. A trop vouloir produire, elle a délaissé son principal allié qu’est la nature. Nous avons cherché à la défier, la contrôler, la remodeler, et ainsi fortement endommagé les équilibres naturels et provoqué un recul toujours plus important de la biodiversité sur nos territoires. Au point où, pour assurer la productivité de leurs exploitations, les agriculteurs doivent aujourd’hui trouver des solutions de substitution pour remplacer des services que la nature nous fournissait gratuitement jusqu’à présent.

Le renouveau du secteur agricole est une priorité, tant pour l’enjeu écologique et pour la viabilité économique du secteur, que pour le bien-être des agriculteurs et des consommateurs que nous sommes tous. L’agriculture doit continuer à nous nourrir tout autant, et même davantage. Cependant, elle doit le faire en s’appuyant sur des solutions au carrefour de l’agronomie et de l’écologie, dans une agroécologie fondée sur la nature.

S’inspirer de la nature plutôt que lutter contre

La transition de notre agriculture doit se traduire in fine, par un abandon des intrants qui déséquilibrent les écosystèmes (produits phytosanitaires, fertilisation de synthèse, labour, antibiotiques). C’est possible. Nous sommes en mesure de préserver et d’améliorer l’efficacité des milieux dont nous tirons nos ressources, sans les épuiser. Allongement des rotations, agriculture de conservation, introduction de légumineuses, agroforesterie, implantation de haies ou lutte biologique intégrée, sont autant de techniques ancestrales auxquelles il faut redonner toute leur place. Nous souhaitons rappeler ici que, quels que soient les choix effectués, deux fondamentaux ne doivent jamais être oubliés.

Tout d’abord, il faut redonner toute sa place à la vie du sol. Protégée et nourrie par une couverture végétale constante qui maximise l’utilisation de la lumière, de l’eau et des nutriments, elle seule est en capacité d’assurer le bon développement des cultures. Sans une présence forte et permanente du végétal, les sols et les paysages s’appauvrissent.

Ensuite, rappelons que seule la diversité d’un écosystème agricole peut garantir sa résistance aux agressions (conditions météorologiques, ravageurs, maladies) ainsi que sa résilience face aux changements climatiques et aux aléas économiques. Toutes deux sont le résultat d’une combinaison entre la diversité des espèces et la diversité des paysages.

C’est à ces deux conditions que les systèmes de production deviendront moins dépendants aux intrants de synthèse. Nous appelons donc à une transformation complète de la manière dont sont gérées les exploitations et leur rentabilité.

Pour une prise de responsabilité de tous

La seule implication des agriculteurs ne suffira pas. Il doit s’agir d’une véritable transition agroécologique s’appuyant sur une prise de responsabilité et un engagement de tous pour refonder les relations qui ont structurées les systèmes agroalimentaires pendant des décennies.

Pour cela, les mots d’ordre sont avant tout d’investir et d’accompagner autrement. Investir autrement pour développer des schémas alternatifs aux intrants de synthèse. Nous parlons bien de « schémas » qui combinent efficacement différents leviers agronomiques et écologiques, et non plus de produits alternatifs seuls. Accompagner autrement les agriculteurs par une nouvelle approche de la formation et du conseil. Ces métiers se doivent désormais d’être au service de la diffusion de l’agroécologie, inspirée des nombreuses initiatives pionnières : conseil global sur l’exploitation, et non plus culture par culture, échange entre pairs pour des agriculteurs auteurs de leurs nouveaux modèles de production, développement des savoir-faire liés à l’observation et la compréhension des processus écologiques, etc.

Bien au-delà du monde agricole, l’enjeu se situe au cœur de notre système agroalimentaire et des relations entre les acteurs qui le constituent. A l’interface entre les consommateurs et les agriculteurs, les entreprises de transformation et de distribution disposent de nombreuses cartes. Nous voulons mettre en lumière ces solutions qui s’offrent à elles et qui commencent aujourd’hui à êtres expérimentées pour proposer des produits à qualité nutritionnelle élevée et issus de pratiques agricoles durable. Ces solutions touchent à l’innovation industrielle pour valoriser les cultures en mélanges et ces légumineuses aux bénéfices multiples. Elles concernent également les politiques d’achats pour des contrats qui soutiennent les investissements et les prises de risques des agriculteurs. Elles tiennent même au marketing pour informer et guider le consommateur de manière à soutenir les productions les plus durables. Tous les métiers des entreprises sont en jeu, l’ensemble des pratiques commerciales doivent être repensées, dont en particulier celles de la grande distribution.

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